Des jalons de ma vie

On m’a suggéré d’écrire mon expérience personnelle avec Joseph. C’est bien longtemps après les faits que j’ai pris conscience d’une série de « coïncidences » qui ne pouvaient être dues au hasard vu leur continuité et leur cohérence.

Le premier jalon de la présence « non planifiée » de saint Joseph sur mon chemin fut posé lorsque ma mère me conduisit dans le bureau d’un directeur d’école pour m’y inscrire aux classes du primaire. L’institution avait pour nom « école Saint-Joseph ». La fête patronale du 19 mars était assortie d’une journée de congé appréciée des élèves, une manière bien agréable de s’initier à la dévotion du saint patron. Cette école ressurgira beaucoup plus tard dans mon récit avec une coïncidence surprenante. À l’époque, j’étais loin de me douter que d‘autres jalons du même ordre allaient se succéder au fil des années.

Le suivant fut lié à ma scolarité au secondaire, avec la fréquentation d’une institution située au pied d’un sanctuaire dédié à saint Joseph de Bon-Espoir, dans le diocèse du Puy-en-Velay. La basilique, surmontée d’une statue monumentale de Joseph avec l’Enfant Jésus dans les bras, est bâtie sur un rocher escarpé. Ce rocher avait été autrefois le siège d’un château féodal lié à quelques rois de l’histoire de France. Joseph, en fidèle intendant du Roi du ciel, y a bien pris sa place! Les années de scolarité à l’ombre de cette église au profil de forteresse m’ont permis bien des montées essoufflantes autant que ressourçantes auprès du saint patron de l’Église.

Un autre jalon du même genre fut posé non loin du sanctuaire marial de Fourvière de Lyon, dont la crypte est dédiée à saint Joseph. Je m’y suis retrouvé pour la poursuite de mes formations et un travail d’enseignant. Cette crypte est l’entrée et le passage vers le haut pour conduire à son épouse honorée dans la basilique supérieure. Présence plus discrète mais parlante du saint époux de Marie, solide comme une fondation ancrée dans le roc.

Après ces études scolaires et universitaires sous l’œil bienveillant de saint Joseph, modèle de père éducateur, il fallut quelques autres années et plusieurs milliers de kilomètres de pérégrinations pour qu’il me rattrape au détour de la route.

Au retour d’un assez long séjour en Californie, je me vis arriver à Montréal une veille de Noël, sans adresse où demeurer. Un ami retrouvé en dernière minute, sous le coup de la surprise de me voir, m’emmena sur-le-champ à la célébration de Noël à l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal que je n’avais jamais vu. Les intermédiaires humains ne sont pas à négliger dans les stratégies de la Providence! D’une chose à l’autre, quelques semaines plus tard, je devenais locataire dans une des maisons du sanctuaire, au sommet de la montagne. Cette fois saint Joseph me prenait chez lui, sans aucun doute pour mieux s’approcher de moi, mais aussi me faire m’approcher de lui!

Quelque temps plus tard, ayant déménagé ailleurs en ville, je pus remonter sur « la montagne » pour organiser un groupe de prière qui passa sa première année dans le local situé sous le fameux carillon dont je ne connaissais rien. Je vais en reparler. Les années suivantes, le groupe prit ses quartiers dans la chapelle primitive, encore pleine de l’intensité de prière et de l’intimité vécue entre ses murs par le saint fondateur.

Après cinq années d’existence, le groupe cessa ses activités hebdomadaires. Plusieurs années s’écoulèrent jusqu’au passage d’un nouveau jalon où m’attendait Joseph de manière tout aussi inattendue, avec des conséquences insoupçonnées. En 2001, j’entrais au service du Centre de recherche et de documentation de l’Oratoire Saint-Joseph où j’allais passer dix ans, dont neuf comme directeur.

Les locaux du Centre étaient situés à l’étage, en face du carillon de l’Oratoire. Et voilà que j’apprends que ce carillon avait été fabriqué en France pour être installé sur la tour Eiffel. Pour des raisons non précisées, l’installation ne s’était jamais faite. Une telle information concernant ma ville natale m’ayant fait dresser l’oreille, je voulus en savoir plus. Une autre surprise m’attendait. J’appris que les cinquante-six cloches neuves arrivées à Paris sans être installées furent redirigées vers le parc d’un petit château sur le bord de la Seine, sur la rive opposée à celle de Paris. Des concerts y furent organisés. Et je découvris que le Square Voyer-d’Argenson du château d’Asnières-sur-Seine, où le futur carillon de l’Oratoire débutait sa carrière, était à quelques coins de rues de l’école primaire Saint-Joseph d’Asnières-sur-Seine où ma mère m’avait inscrit. Les dates correspondaient : je fréquentais l’école voisine du parc au moment où le carillon y lançait ses premières notes. C’est là que des pères de Sainte-Croix l’avaient découvert et acquis pour l’Oratoire afin de solenniser les fêtes du 50e anniversaire du sanctuaire en 1954. Voilà donc que plusieurs décennies plus tard, à plusieurs milliers de kilomètres, après tous ces jalons sur des traces de saint Joseph, je travaillais pour lui à côté du même carillon. J’en ai profité, à l’occasion, pour faire un peu d’humour en me présentant comme la cinquante-septième cloche importée des bords de la Seine!

Une boucle était bouclée. Comment ne pas voir dans ces événements une permanence et une cohérence, et ne pas se dire, avec l’apôtre Paul, que « les voies de Dieu sont impénétrables » (Rm 11, 33), ou du moins imprévisibles? Je ne détaillerai pas les nombreux autres jalons que mes dix ans d’activité au Centre ont permis d’ajouter au parcours. Je relève seulement les trois symposiums internationaux sur saint Joseph auxquels j’ai pu participer en Allemagne, en Pologne et au Mexique, dans des lieux consacrés. J’y ai expérimenté l’éclatante universalité du saint patron de l’Église. Sans oublier la France où j’ai pu contribuer à la fondation d’un nouveau Centre de recherche sur saint Joseph en 2005; juste retour des choses. J’ai pu y participer aussi à l’inauguration d’un nouvel institut de recherche du même ordre en 2011. Autant de belles histoires qui se poursuivent.

Ces quelques faits vécus illustrent, me semble-t-il, comment Joseph, père protecteur tout dévoué au salut de l’humanité et à la construction du Royaume de Dieu, use de diverses stratégies pour venir à notre aide. Ce faisant il ne se substitue en rien à chacun et chacune d’entre nous dans ce qu’il ou elle doit faire pour participer à cet immense défi.

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