« Allez à Joseph et faites ce qu’il vous dira! » À cet ordre, les Égyptiens obéirent en tout au fils de Jacob, élevé au rang suprême d’intendant du royaume par Pharaon. Sa mission était alors d’administrer les ressources du pays et d’organiser la survie des habitants pendant les années de famine.
« Joseph fit rassembler tous les produits des champs […]; il fit des approvisionnements dans les villes, […] il amassa du blé, comme le sable de la mer, en quantité si considérable que l’on cessa de compter ». Grâce à Joseph, alors que la famine sévissait partout ailleurs, « il y avait du pain dans tout le pays d’Égypte » (Genèse 41, 47-49, 54-55).
Alors, combien plus devons-nous « aller à Joseph », l’autre Joseph, fils de la même lignée de Jacob-Israël, de Jessé et de David. Il a été nommé par Dieu intendant du royaume familial de Nazareth pour veiller sur la vie de son épouse immaculée et de l’enfant divin! Oui, c’est Dieu lui-même, et non plus un pharaon, qui nous envoie vers Joseph, le Joseph de « la Maison du pain », au sens du nom de Bethléem. À plus forte raison depuis qu’ayant accompli sa mission de Salut, le fils du Joseph de la Nouvelle Alliance a reçu « tout pouvoir dans le ciel et sur la terre » (Mt 28, 17). Mieux que le blé amassé par Joseph d’Égypte dans des greniers, Joseph de Bethléem a permis à la moisson du Pain de Vie qu’est Jésus en personne, de croître au point de pouvoir sauver de la famine spirituelle l’humanité entière, pour les siècles des siècles. Le Fils glorieux que « Dieu (…) a établi héritier de toutes choses » (Hb 1, 2) pourrait-il maintenant refuser quelque chose à son père terrestre à qui il devait tant, jusqu’à la préservation de sa vie naissante?
« Allez à Joseph », donc, reste un mot d’ordre toujours d’actualité. Aller à Joseph en toute confiance, comme vers un père disponible, attentif aux besoins, compréhensif, bienveillant et veillant bien, patient, dévoué, responsable, expérimenté, aimant et pourvu de toutes les capacités liées à ses fonctions.
Mais, il y a aussi une surprise à découvrir dans le dévouement de Joseph en notre faveur. Comble de la grâce dans le plan divin, il y a un mouvement complémentaire à la démarche d’aller vers Joseph : lui aussi vient à nous! Joseph n’attend pas seulement que nous allions à lui, il peut aussi venir à nous de sa propre initiative. En vertu du mandat de paternité et de patronage qu’il a reçu, il veille sur les enfants du Père céleste et contribue à ce que « Sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».
Joseph peut intervenir en tout temps et en tous lieux selon les besoins et les problèmes, pour que « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8, 28). C’est parfois de façon éclatante et très visible comme, par exemple, dans les multiples témoignages de guérison accumulés pendant des décennies à Montréal au sanctuaire du Mont-Royal. Mais c’est aussi très souvent dans la discrétion, l’anonymat, la confidentialité, bien dans le style de Nazareth, que Joseph remplit sa mission de protection grâce aux vastes pouvoirs qui lui ont été conférés.
Joseph nous permet en tout temps d’aller à lui en toute confiance et espérance : « Allons à Joseph! ». Mais il se permet, pour notre bien, quand les circonstances s’y prêtent, de s’approcher de nous avant même que nous l’ayons demandé. Il nous permet alors de le reconnaître et de l’accueillir avec profit et reconnaissance. C’est « Joseph qui vient à nous »!
Qu’on aille à lui ou qu’il vienne à nous, c’est toujours la même présence bénéfique de Joseph à nos côtés.
Daniel Picot a été directeur du Centre de recherche et de documentation de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal.